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2024

- Diane Setterfield. Le treizième conte. 2006 (Plon)
- Georges Duhamel. Les Maîtres. 1937 (Gallimard, coll. « Folio »)
- Leo Perutz. La Neige de saint Pierre. 1933 (Zulma)
- J. M. Erre. Le Mystère Sherlock. 2012 (Pocket)
- Antoine Wouters. Mahmoud ou la montée des eaux. 2021 (Gallimard, coll. « Folio »)
- Kim Stanley Robinson. Le Ministère du futur. 2020 (Bragelonne, coll. « Bragelonne SF »)
- Jules Verne. Le Château des Carpathes. 1892 (Le Livre de poche)

Il va sans dire que Franz de Télek ne put cacher l'étonnement que ce récit lui fit éprouver et les sentiments qu’il lui suggéra. Quoique médiocrement instruit des choses de science, à l'exemple des jeunes gens de sa condition qui vivaient en leurs châteaux au fond de campagnes valaques, c'était un homme de bon sens. Aussi, croyait-il peu aux apparitions, et se riait-il volontiers des légendes. Un burg hanté par des esprits, cela était bien pour exciter son incrédulité. A son avis, dans ce que venait de lui raconter maître Koltz, il n'y avait rien de merveilleux, mais uniquement quelques faits plus ou moins établis, auxquels les gens de Werst attribuaient une origine surnaturelle. La fumée du donjon, la cloche sonnant à toute volée, cela pouvait s'expliquer très simplement. Quant aux fulgurations et aux mugissements sortis de l'enceinte, c'était pur effet d'hallucination. (p. 130)

Du reste, le magister Hermod n'a pas cessé de baser ses leçons sur l’étude des légendes transylvaines. Longtemps encore, la jeune génération du village de Werst croira que les esprits de l'autre monde hantent les ruines du château des Carpathes. (p. 241)

- Jenni Fagan. La Fille du Diable. 2021 (Éditions Métailié, coll. "Bibliothèque écossaise")

Notre immeuble comporte neuf étages, plus un sous-sol et un grenier, il y a d'autres bâtiments à côté qui comptent bien quatorze étages et leurs sous-sols sont froids et humides. Mais pour la plupart, ils ne mènent pas à des catacombes, contrairement au N° 10 Lucken-booth Close. M. Udnam dit que l'entrée est condamnée mais si tu vas dans les catacombes qui se trouvent sous cette ville depuis n'importe quel autre point d'accès (il y en a sous les arches de la gare), on ne te revoit jamais.
Ce n'est pas pour exagérer. Autrefois, ils transportaient des cadavres dans les catacombes pour aller les vendre aux professeurs du Collège royal des chirurgiens. Je ne sais pas combien ils touchaient par cadavre. Je ne sais pas combien de corps ils ont transportés sous ces belles rues mais j'ai entendu dire qu'il y en a eu beaucoup. Les figures emblématiques de ce commerce de meurtre sur commande s'appelaient Burke et Hare. Il y a un pub qui porte leur nom aujourd'hui. Comme tu peux le deviner, ils ont ici un sens de l'humour assez noir. Même sous les pavés de Princes Street, si grandiose et si jolie, on devait transporter des cadavres: les bons étudiants en médecine avaient besoin de cadavres à disséquer, c'étaient pour la plupart des gosses de riches et s'ils avaient besoin de cadavres à disséquer, on leur en donnait. L'éducation est une grosse industrie à Édimbourg, et je n'emploie pas le mot industrie par hasard. (p. 49)

Édimbourg a souvent un ciel magnifique. Bleu ou rose pâle et, quand il n'y a pas de nuage, c'est à couper le souffle. Parfois le ciel s'emballe de telle manière qu'il semble y en avoir deux venant de deux mondes complètement différents - qui se précipitent l'un sur l'autre depuis des directions opposées, des couches de nuages et une humeur sombre - un soupçon d'étoiles. C'est étourdissant! (p. 54)

M. Udnam ne remontera pas chez Greig ce soir. II n'appellera pas la police. Elle n'a pas envie d'y retourner tout de suite, elle non plus. Une fois dehors, elle s'en grille une. Passe devant le Tron. Il y a des gens dehors, en train de manger et boire. Elle traverse la route et prend la montée qui passe devant Old College. Elle s'engage dans Nicolson Street puis redescend et tourne à l'angle jusqu'à ce qu'elle aperçoive Arthur's Seat. C'est le plus beau et le plus gros ancien volcan éteint à jamais pouvoir se dresser en pleine ville. Son moment préféré pour l’admirer, c’est quand le soleil se couche sur les falaises. On dirait qu’elles sont en feu. Tout le massif devient d'un rose doré. Puis le soleil disparaît et les falaises redeviennent noires et maussades. Elle s'adosse à un bâtiment. Allume une clope. Il y a des publicités partout sur le mur d'en face. Camp Coffee. Hp Sauce. Sunlight Soap. Ces falaises ressemblent aux visages burinés d'hommes âgés jetant sur la ville un regard mauvais. Elles l'ont toujours fait. Elles le feront toujours. Fut un temps où tout ceci n'était qu'eau et glace puis sont apparus les plantes et les animaux et enfin les gens, les voitures, le mouvement, la mode et la nourriture, ceux qui ont et ceux qui n'auront jamais. Ces falaises surveillent tout. Là-haut, au sommet: voilà où elle va. Des éboulis la font chanceler mais elle connaît trop bien ce chemin pour s'arrêter et elle sait ce qu'elle veut.
Flora a mal aux cuisses. Ses chaussures ne sont vraiment pas adaptées.
Elle s'en moque. Tout en haut des falaises, c'est là qu'elle peut voir à nouveau. La mer est d'un bleu sombre uniforme au loin. Il fait nuit mais Flora sait exactement où se trouve l'ile. De gros navires doivent être amarrés dans le Firth of Forth. Les marins sont sans doute encore en train de boire dans le port de Leith. Flora voit les flèches de toutes les églises. Une pour chaque pub, dit-on. La silhouette du château d'Édimbourg et de Holyrood Palace tout en bas. Flora gravit le sentier rocailleux des falaises jusqu'à ce qu'elle voie la ville entière scintiller devant elle. Les lumières d'Édimbourg sont des points minuscules - comme les âmes humaines. Comme si chaque âme avait le pouvoir d'en allumer une autre. Comme si elles étaient bel et bien toutes liées entre elles, même si c'est rarement l'impression qu'on en a. (pp. 114-115)

Je ne l'avais pas remarqué avant, mais il y a un sous-sol dans notre immeuble, équipé d'un gros cadenas. Quand les sirènes des raids aériens retentissent, nous ne l'utilisons pas. Nous devons descendre dans le bunker de Mary King's Close. C'est comme si on remontait le temps, Leo. Là en bas, les arches sont froides et humides, et ça sent une odeur que je ne parviens même pas à décrire. (p. 121)

Je ne l'avais pas vu au début. Il y a deux villes à Édim-bourg. Il y en a une au-dessus du sol et une en dessous, une au centre et une en périphérie. Celle du centre semble capable de faire tout ce qu'elle veut et celle de la périphérie peut seulement prendre ce qu'on lui donne; tout ça me semble sacrément familier. Il y a l'Edimbourg qu'on montre aux touristes. Et puis l'autre, considérée comme la véritable Édimbourg par les gens d'ici. Il y a les hôtels et les boutiques de luxe, les automobiles, les tramways et les lieux de travail, et puis il y a les taudis, la famine, la maladie, la drogue, la prostitution, la criminalité, le manque ou l'absence d'infrastructures, de plombe-rie, d'eau potable, de droits... si le conseil municipal veut démolir leurs maisons, il le fait. Tout cela se passe dans des rues situées à seulement dix minutes à pied du luxueux centre-ville. (p. 123)

Le tonnerre gronde sur le Firth of Forth. La mer est noire. Des tourbillons vomissent des algues et du bois flotté. Les vagues claquent au large du port de Granton.
Les mâts tremblent et s'entrechoquent. On entend le sifflement des bateaux qui s'engouffrent dans le vent. Tous les pubs de la ville sont en train de fermer. Le personnel des bars se replie pour faire barrage. Ceux qui sont encore dans la rue se pressent. Manteaux sur la tête. Des parapluies, leurs baleines tordues apparentes et inutiles, sont abandonnés dans les rues, sur les ponts et aux arrêts de bus. Les tramways se sont interrompus. Bien-tôt, ils seront mis à l'arrêt pour de bon. Aucun train ne circulera ce soir. Les bus dérapent sur les chaussées lisses et humides. Le Water of Leith a débordé. Les colonies de Stockbridge sont inondées. Les habitants évacuent les niveaux inférieurs. Les pompiers sont en état d'alerte maximum. À l'Infirmary, la salle des urgences est prise d'assaut. Un homme passe sans arrêt la serpillière pour que les chaussures mouillées ne fassent pas glisser quelqu'un d'autre. Sous la ville, les catacombes sont calmes. Dans le ventre de la ville, on entend des grattements. Les rats déguerpissent des tunnels. Au bout de la rue, les lumières dorées du N° 10 Luckenbooth Close s'éteignent une à une. (p. 220)

C'est une ville de dualité. Le manque d'investissement dans les communautés perpétue cet état de fait. Édimbourg n'est que saisons et mouvement - espace, étendue - moderne, ancien - expérience, tradition - conservatistes, escrocs, universitaires, boulangers, conservateurs de musée, mendiants, toutes les nombreuses tombes visibles et invisibles. C'est une ville particulièrement intransigeante. (p. 314)

- Thomas Bronnec. Collapsus. 2022 (Gallimard, coll. "Série noire")
- Björk Larsson. La Dernière aventure de Long John Silver. 2013 (Grasset)
- Philippe Garnier. La Démence du percolateur. Courtes rêveries sur les machines et les émotions. 2023 (Premier parallèle)
- Serge Abiteboul, Laurence Devillers et Gilles Dowek. Qui a hacké Garoutzia ?. 2023 (C&F éditions)
- Céline Minard. Plasmas. 2021 (Rivages)
- Andreas Eschbach. Des milliards de tapis de cheveux. 1995 (L’Atalante)
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