Concluons avec des remarques d'ordre médical et scientifique...

Au XIVe siècle, nul n'avait entendu parler des microbes. Les gens ignoraient le mode de propagation des maladies et pensaient que la peste noire était une punition divine, répandue par des brumes empoisonnées qui flottaient sur la campagne, par le regard d'un mort, par magie. (Connie Willis, Le Grand Livre)

(…) je ne puis voir sans étonnement certaines gens, maintenant que la contagion est passée, en parler comme d'un coup directement envoyé du Ciel, sans aucune entremise, avec pour mission de frapper telle ou telle personne en particulier et nulle autre, ce que je considère avec mépris comme l'effet d'une ignorance et d'un fanatisme manifestes ; de même que l'opinion de certaines autres qui prétendent que l'infection est propagée par l'air seul, transportant une multitude d'insectes et de créatures invisibles qui pénètrent dans le corps avec la respiration ou même par les pores avec l'air ; là, ils engendreraient ou émettraient des poisons des plus intenses ou des ovae ou œufs empoisonnés qui se mêleraient au sang, infectant ainsi le corps ; discours plein d'une docte niaiserie, comme le montre l'expérience générale. (Daniel Defoe, Journal de l'année de la peste)

Ecoutant, en effet, les cris d'allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu'on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu'il peut rester pendant des dizaines d'années endormi dans les meubles et le linge, qu'il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l'enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité heureuse. (Albert Camus, La Peste)