A 16 ans, je lisais L'homme symbiotique de Joël de Rosnay, en ne comprenant pas tout mais déjàadmiratif de ce livre séminal écrit en 1995. Dix ans après, ce livre n'a pas pris une ride, reste résolument défricheur et fournit quelques clés pour comprendre certains problèmes actuels ; il mêle la mémétique, la cybernétique, les bio- et nanotechnologies, l'écologie, la théorie de l'évolution, la théorie des systèmes complexes dans un Grand Tout très riche et foisonnant. Son auteur, devenu conseiller du Président de la Cité des Sciences et de l'Industrie, a encore beaucoup ànous apprendre. Bref, en m'y replongeant après quelques années, j'y ai trouvé un passage que je ne voulais manquer de citer ici...

En raison du copyright, des droits, des licences, nous érigeons des barrières (justifiées dans le contexte d'une économie d'objets) au piratage et au "photocopillage". Mais dans une économie dématérialisée, comment résister àla pression de la reproduction ? Les idées, comme les virus, sont infectieuses. Elles se propagent par épidémies et chacun se contamine... en recopiant. Tout ce qui vit dans la nature cherche àse reproduire. L'information ne demande qu'àêtre reproduite, et nous rendons illégale cette duplication. Certes, le plagiat qui ne respecte pas le droit moral (avant le droit financier) des auteurs est inacceptable, mais la base du fonctionnement de l'introsphère repose peut-être justement sur la libre reproduction des informations. Dans la nouvelle écologie informationnelle, la reproduction est la règle — comme pour l'évolution biologique. Sans elle, pas de brassage des gènes (des idées), pas de génération de variété, de nouvelles espèces : pas d'évolution.

Voilàqui résonne d'une autre profondeur dix ans après, àla lumière des questions du peer-to-peer, du piratage et de Creative Commons !