Bon, je n'ai pas eu de retour de la part du MDRGF. Par contre, un "face àface" a eu lieu hier dans le journal de 13 h de France 2 entre Francois Veillerette, président du MRDGF et Jean-Charles Bocquet, président de l'UIPP. Si l'argumentation du MDRGF s'est faite un petit peu plus subtile, celle de Jean-Charles Bocquet n'a pas eu le temps d'être devéloppée. Et je ne dirai rien sur cette abominable manie des réactions de téléspectateurs en direct par SMS !!

Ce que j'ai envie de rajouter àla suite de ce débat, c'est que nous ne nions pas que les pesticides ne sont pas des produits anodins. On connaît leurs propriétés toxiques àcourt terme, étudiées sur le rat mais aussi le chien et parfois le singe, n'en déplaise àM. Veillerette. Leur persistance dans l'environnement est également connue, et tout est mis en œuvre pour la diminuer. Par contre, effectivement, les études épidémiologiques àlong terme manquent. Ce sont des études extrêmement complexes, longues et coûteuses, qui manquent aussi dans des dossiers chauds comme les traitements de subsitution hormonaux, les effets des lignes àhautes tension et des antennes de téléphone portable etc. L'étiquetage des produits phytosanitaires fait certes très peur, mais ce sont des "phrases de risque", qui ne reflètent pas grand chose si ce n'est des exigences réglementaires et un risque, bien différent d'un danger. Si on appliquait ce même principe, on écrirait sur les sachets de café "ce produit n'a pas pu être prouvé non-cancérigène et donc peut entraîner le cancer" (la caféine est classée groupe 3 selon le IARC) ou, sur le sel de table, "ce produit est mortel" (la DL50 du sel est de 3 g/kg) !! Mais làoù je m'insurge surtout, c'est quand on laisse croire qu'une agriculture sans pesticides est réaliste. C'est un mensonge. M. Veillerette est criminel quand il affirme qu'une agriculture française 100% bio est possible d'ici 20 à30 ans (voir arguments dans mon billet précédent). Une fois que l'on a admis ça, la Charte de l'environnement dont on nous rebat les oreilles va dans le sens de l'UIPP puisque tout est affaire de compromis entre le respect de l'environnement et la viabilité de toute une économie :

Art. 6 : Les politiques publiques doivent promouvoir un développement durable. A cet effet, elles concilient la protection et la mise en valeur de l’environnement, le développement économique et le progrès social.

Enfin, on ne m'ôtera pas de l'idée que la télévision est le pire support pour défendre une idée fondée sur des bases scientifiques. C'est flagrant dans d'autres dossiers, surtout celui des OGM. Je ne botte pas en touche en disant ainsi, Pierre Bourdieu l'a bien montré dans son ouvrage De la télévision. D'autant plus qu'en règle générale, il est plus facile et plus vendeur d'affirmer et d'accuser (rôle du représentant des associations de consommateurs, du plaignant, des Français dans l'affaire Gaymard) que de réfuter et de se défendre (rôle de l'accusé)...